« Personne n’a un appétit aussi fort que ceux qui sont passés près de la mort et sortent de l’hôpital », a lancé Luca de Meo, le directeur général de Renault, lors de l’assemblée qui s’est tenue ce jeudi et où il est longuement revenu sur le chemin parcouru depuis le lancement du plan stratégique « Renaulution » en 2021, à une époque où le constructeur automobile était dans une situation particulièrement difficile, sortant d’un exercice 2020 marqué par une perte de 8 milliards d’euros.
« Un feu d’artifice de lancements »
Que ce soit sur le plan de la réduction des coûts, de la rentabilité et des cours de Bourse, les progrès ont été spectaculaires, Renault affichant même la meilleure performance du Cac 40 depuis le début de l’année. « L’entreprise ne joue plus dans la même catégorie qu’il y a quatre ans », a expliqué Luca de Meo. Après le redressement, le groupe passe désormais à l’offensive. « Nous avons préparé la meilleure gamme que Renault ait proposé en plus de 30 ans et c’est maintenant qu’elle arrive avec, cette année, un feu d’artifice de 10 lancements ». Désormais, le groupe entre dans une nouvelle phase, celle de la « Révolution », avec une nouvelle organisation combinant spécialisation et multiplication des partenariats. Dans l’électrique, le groupe est ainsi « bâti pour gagner la course à la parité de prix entre thermique et électrique ».
Ces bonnes performances et cette confiance n’ont pas suffi à emporter l’adhésion des actionnaires à l’augmentation prévue du salaire du pilote de Renault. Même si elle est trois fois inférieure aux 36,5 millions de Carlos Tavares, approuvés il y a un mois par les actionnaires de Stellantis, la politique de rémunération de Luca de Meo, pour l’exercice 2024, a été fortement contestée.
« Dans la médiane du panel de référence »
Elle a été approuvée avec seulement 72,1% des voix, soit juste 2 points de plus que celle du patron de Stellantis. Cela a d’ailleurs été la seule résolution qui n’a pas fait consensus, toutes les autres ayant été votées à plus de 90%. Il est vrai qu’à la précédente assemblée, la même résolution avait obtenu un score à peu près équivalent (68,3%) et que l’augmentation prévue est importante : la rémunération fixe va passer de 1,4 à 1,7 million, la part variable pourra atteindre, en fonction de l’atteinte de certains objectifs, 225% du fixe, contre 150% jusqu’à présent, et le patron de Renault pourra toucher 120.000 actions de performance, contre 105.290, auxquelles s’ajouteront d’autres titres pour un montant maximum de 4,4 millions pour la réussite du plan Renaulution sur quatre ans, soit 1,1 million au titre de 2024.
Au total (en valorisant les actions de performance à leur cours actuel, soit 50 euros), cela représente un maximum de 12,6 millions, contre 8,5 millions au titre de 2023, soit une augmentation de près de 50%. A un actionnaire, ancien salarié du groupe, qui s’insurgeait contre une telle rémunération, « vos salaires sont absolument scandaleux. Les bons résultats sont ceux de l’ensemble de l’entreprise », Jean-Dominique Senard, le président, a expliqué : « Ce qui s’est fait pour l’ensemble des salariés est plutôt exemplaire. En ce qui concerne Luca de Meo, ce qu’il a fait mérite non seulement notre reconnaissance mais une récompense. Le salaire proposé est très raisonnable. Il se situe dans la médiane du panel de référence retenu [il regroupe les dirigeants des principaux constructeurs et équipementiers européens ainsi que des dirigeants de Siemens, SAP et ABB] ». Auparavant, Luca de Meo avait expliqué que « le plan d’actionnariat salarié était le plus ambitieux de France avec 100.000 salariés actionnaires et l’ambition que ceux-ci détiennent 10% du capital en 2030 ».
Un objectif de 35% de taux de distribution
En ce qui concerne la rémunération des actionnaires, elle augmente fortement le dividende, passant de 0,25 à 1,85 euro. Il sera détaché le 22 mai et procure un rendement de 3,7% sur la base des cours actuels. « Nous distribuons 17,5% du résultat net part du groupe, notre objectif est d’atteindre un taux de 35% quand notre dette sera notée Investment grade », a détaillé Thierry Piéton, le directeur financier.
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