Certains projets faisant partie de la Vision 2030 sont retardés.

Saudi Vision 2030 est un programme gouvernemental créé par le Royaume d’Arabie saoudite pour atteindre l’objectif d’une diversification économique, sociale et culturelle renforcée, tel qu’envisagé par le prince héritier et Premier ministre saoudien Mohammed bin Salman.

La vision est au-delà des limites du domaine public et se heurte à des obstacles financiers qui incitent à réduire la portée du projet, car il vise à redéfinir le pays et à s’éloigner de la dépendance traditionnelle au pétrole.

Le ministre des Finances Mohammad Al Jadaan a fait remarquer lors du Forum économique mondial en avril, faisant écho à ces défis, que le royaume saoudien se fondrait dans les pressions économiques et géopolitiques de deux manières, soit en « réduisant » soit en « accélérant » quelques projets dans le cadre du programme Vision 2030.

Suite à cela, Al Jadaan a commenté en décembre 2023 que certains projets faisant partie de la Vision 2030 sont retardés.

L’immense mégapole futuriste et verte, NEOM, dont la valeur était initialement estimée à 1,5 billion de dollars, va devoir faire face à une réduction de sa capacité.

Alors que la ligne était initialement prévue pour accueillir 1,5 million d’habitants dans le désert, sa capacité a désormais été progressivement réduite et ne pourra accueillir que 300 000 personnes.

Le plan initial, ambitieux, prévoyait la construction d’une ligne de pylônes parallèles de 500 mètres de haut sur 170 kilomètres. Cependant, des mises à jour récentes ont réduit la longueur de la ligne à 2,4 kilomètres, ce qui représente une réduction de 98,6 %.

Les messages concernant l’avancement du projet Vision 2030 sont contradictoires. L’Arabie saoudite affirme avoir le projet sur la bonne voie tandis que le royaume s’éloigne du plan initial de NEOM.

Le 30 avril, le ministre de l’Economie, Faisal Al Ibrahim, a déclaré lors de la réunion spéciale du Forum économique mondial à Riyad que « tous les projets avancent à plein régime », ajoutant qu’« il n’y a pas de changement d’échelle » pour NEOM.

Selon d’autres rapports, le programme Vision 2030 a produit des résultats mitigés. D’un côté, il a permis des avancées significatives en matière de participation des femmes au marché du travail, de chômage et de recettes fiscales non pétrolières.

Des photos ont été publiées par un responsable qui dirige le projet sur l’avancement des travaux de construction visant à fournir des logements au personnel travaillant sur le projet The Line au sein du NEOM.

Trois photos aériennes avec la légende « NEOM est réel, partie 16 » ont été partagées par le chef du projet The Line, Giles Pendleton. Il les a décrites comme « notre maison à NC1 et notre base d’opérations pour soutenir NEOM et The Line ».

Alors que la plupart des autres régions fonctionnent comme prévu, Citigroup rapporte que l’Arabie saoudite n’arrive toujours pas à attirer les investissements étrangers, le tourisme et les exportations non pétrolières, ce qui constitue un défi à ses efforts de diversification.

L’objectif ultime de Vision 2030, qui est l’idée du prince héritier Mohammed ben Salmane, n’est pas seulement de libérer l’Arabie saoudite de sa dépendance au pétrole, mais également de renforcer la position de l’Arabie saoudite sur la scène mondiale.

Le plan comprend donc l’essor de nombreux secteurs tels que la fabrication, l’énergie propre, l’IA, les sports et le divertissement, ainsi que l’amélioration de projets comme NEOM et Sindalah, une île de luxe au milieu de la mer Rouge.

L’Arabie saoudite souhaite également profiter des villes les plus saintes de l’islam, La Mecque et Médine, et proposer des forfaits avantageux pour les pèlerinages du Hajj et de la Omra.

Le gouvernement accordant davantage de droits et assouplissant les restrictions sociales imposées aux femmes a rendu les réformes sociales encore plus cruciales comme moyen de se débarrasser de l’image conservatrice traditionnelle du royaume.

Les investissements dans les sources d’énergie renouvelables, notamment le développement en cours d’Al Shuaibah, la « plus grande » centrale d’hydrogène vert de la région, sont soulignés comme essentiels pour compenser la faible demande de pétrole.

La dépendance de Vision 2030 au pétrole

Malgré les mesures prises par le projet, le pétrole restera toujours un élément fondamental de l’économie saoudienne et la dépendance perdurera au moins dans un avenir prévisible.

A cet égard, le président et directeur général d’Aramco, un géant énergétique saoudien, Amin Nasser, a déclaré que le monde doit abandonner l’idée d’éliminer le pétrole et le gaz, car cela reflète la volonté de l’Arabie saoudite d’abandonner les énergies fossiles. Au bout du compte, c’est la découverte de pétrole sous les plaines de Dhahran, dans les provinces orientales de l’Arabie saoudite, dans les années 1930, qui a vu l’essor de l’influence du royaume avec lequel le monde a été contraint de s’engager.

Selon le Fonds monétaire international, pour que le programme Vision 2030 de l’Arabie saoudite soit un succès, il faudrait que le prix du baril de pétrole brut atteigne environ 86 dollars sur les marchés internationaux. Compte tenu de la baisse de la production pétrolière, il pourrait s’avérer nécessaire d’augmenter les prix.

Les chocs économiques allant des confinements liés au Covid-19 en 2020, qui ont temporairement abaissé les prix du pétrole en dessous de zéro, à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a fait grimper les prix du pétrole à un pic de 136 dollars le baril en mars 2022, ont tous eu des effets divers sur les capacités de dépenses de l’Arabie saoudite.

En cas de baisse des prix du pétrole, les capacités de l’Arabie saoudite vont inconsciemment limiter les fonds destinés aux projets.

Les coupes budgétaires dans les grands projets devraient se poursuivre, car les budgets alloués à la plupart d’entre eux sont très élevés et les possibilités d’investissements privés sont limitées. Jusqu’à présent, la plupart des projets ont été financés uniquement par des fonds publics, ce qui constitue l’un des principaux défis des projets géants de la Vision 2030, selon Steffen Hertog, professeur associé à la London School of Economics and Political Science.

Mais le Dr Hertog a ajouté : « Un certain ajustement budgétaire à ce stade est sans doute le signe d’une politique plus mature ; il aurait été pire de fonctionner avec des budgets très importants pendant plus longtemps jusqu’à ce que l’argent s’épuise. »

Il reste essentiel d’attirer les investissements. L’Arabie saoudite a toutefois souffert de cette situation, principalement en raison de projets jugés trop ambitieux.

Riyad a annoncé en avril qu’il avait pour objectif de lever des fonds en vendant des obligations en devises étrangères et locales afin de lever un montant record de dette pour soutenir la Vision 2030. Cela pourrait impliquer que les prêteurs émettent un minimum de 1,5 milliard de dollars d’obligations pour maintenir la Vision 2030 sur la bonne voie.

Toutefois, les tensions régionales et mondiales ont suscité une prudence accrue parmi les investisseurs nationaux et internationaux.

Le FMI s’attend à ce que l’économie saoudienne connaisse une croissance de 2,6 % en 2024, contre 4 % en octobre, dans un contexte de tensions régionales et de restrictions persistantes sur l’approvisionnement en pétrole.

Riyad espère certainement que les tensions régionales, qui ont entravé ses perspectives économiques, vont diminuer.