Depuis 2019, la rémunération des PDG a bondi de 50 %, tandis que celle des salariés est restée quasiment au point mort. C’est ce que révèle une analyse d’Oxfam, publiée le 1ᵉʳ mai 2025, portant sur 1 984 entreprises dans 35 pays. Autrement dit, les dirigeants voient leurs revenus s’envoler, pendant que les travailleurs peinent à suivre l’augmentation du coût de la vie.
Publié le : 01/05/2025 – 17:01
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Cette envolée des hauts revenus s’accompagne d’un accroissement alarmant des inégalités salariales. La richesse continue de se concentrer au sommet, comme le souligne ce même rapport d’Oxfam publié à l’occasion du 1er-Mai, Journée internationale des travailleurs. En 2024, la rémunération moyenne des PDG dans les grandes entreprises a atteint 4,3 millions de dollars, contre 2,9 millions en 2019. Une progression spectaculaire qui contraste avec la stagnation des salaires réels. Dans des pays comme la France, l’Afrique du Sud ou l’Espagne, ces derniers n’ont même pas progressé de 0,6 % en 2024.
« C’est une injustice systémique, pas un accident, déclare Amitabh Behar, directeur exécutif d’Oxfam International. Année après année, on assiste au même spectacle grotesque : les PDG voient leurs revenus exploser, tandis que des millions de travailleurs peinent à payer leur loyer, se nourrir ou se soigner. » Un argument partagé par Léa Guerin, chargée de Plaidoyer chez Oxfam France.
Année après année, on assiste au même spectacle : la rémunération des PDG explose, tandis que le salaire des employés stagne. Concrètement, en 2019, le salaire médian des PDG de notre échantillon s’élevait déjà à 2,9 millions de dollars. En 2024, il atteint 4,3 millions. Plus on engrange, laisse faire ce système qui laisse la richesse accumulée entre les mains de quelques-uns — et plus, on alimente les inégalités.
Léa Guerin, chargée de Plaidoyer chez Oxfam France: «la rémunération des patrons a augmenté de 50%, alors que celle des salariés a stagné»
Les femmes travaillent « gratuitement » tous les vendredis
En parallèle, les milliardaires ont amassé, en moyenne, 206 milliards de dollars de richesse supplémentaire en une seule année — soit 23 500 dollars par heure, davantage que ce que gagne un travailleur moyen en une année entière.
Les disparités salariales au sein des entreprises sont devenues vertigineuses. Et les femmes, elles, continuent de payer le prix fort. Dans plus de 11 000 entreprises réparties dans 82 pays, l’écart de rémunération entre les sexes reste élevé : 22 % en moyenne en 2023, malgré une légère amélioration par rapport à 2022. Autrement dit, les salariées travaillent « gratuitement » chaque vendredi, pendant que leurs collègues masculins sont rémunérés toute la semaine.
Dans certains pays comme le Japon et la Corée du Sud, cet écart dépasse encore les 40 %. En Amérique latine, il a même augmenté, passant de 34 % à 36 % en un an.
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Luc Triangle, secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI), dénonce un système qui prive les travailleurs de leurs droits fondamentaux. « L’indécence des écarts de rémunération entre les PDG et les salariés montre que la démocratie est absente là où elle est le plus nécessaire : au travail. »
Revaloriser le travail
Pour corriger ce système, Oxfam propose des règles : garantir un salaire décent et limiter les écarts de rémunération entre les dirigeants et les employés. « On propose tout simplement d’appliquer des règles en garantissant, par exemple, un salaire décent », explique Léa Guerin. « Et on appelle également à limiter l’écart de rémunération à un ratio de 1 à 20 entre le PDG et le salaire médian de l’entreprise ».
En France, en 2022, les PDG du CAC 40 gagnaient en moyenne 130 fois plus que leurs salariés, un chiffre en constante progression depuis 2019. « Ce que nous demandons, ce ne sont pas des mesures radicales, mais les fondations d’une société juste, conclut Luc Triangle. Il est temps de mettre fin au coup d’État des milliardaires contre la démocratie et de remettre les personnes et la planète au centre. »
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