Qu’il paraît lointain, le temps du repli du nucléaire voulu par l’Etat… Tandis que le projet de loi sur l’avenir énergétique de la France, supposé acter la relance de l’atome, devrait atterrir sur le bureau des parlementaires à l’automne, le gouvernement veut montrer qu’il fait tout son possible pour doper la production des réacteurs d’EDF. Car si cette dernière est repartie à la hausse cet été, la débâcle de l’an dernier reste dans toutes les têtes : en 2022, le pays n’a produit que 62,7% de son électricité à partir de nucléaire, du jamais vu depuis 30 ans. D’autant que la baisse s’avère tendancielle. Alors qu’en 2015, les centrales françaises ont généré 420 térawattheures (TWh), ce n’était plus que 279 TWh l’an dernier, et 330 TWh au plus cette année, selon les prévisions de l’énergéticien.
Afin de redresser la courbe, l’exécutif a ainsi dégainé l’argument financier. Avec un instrument bien connu dans le privé : une partie de la rémunération des dirigeants d’EDF dépendra en partie de l’atteinte ou non d’objectifs de la production nucléaire fixés chaque année par l’Etat, a annoncé ce matin la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, sur Radio J.
De quoi rendre perplexe un ex-cadre dirigeant ayant requis l’anonymat. « Cela ressemble à un effet d’annonce. Depuis très longtemps, les bonus accordés en fin d’année chez EDF aux responsables de la production sont liés aux performances de production », affirme-t-il. Une information confirmée par plusieurs salariés et ex-salariés du groupe contactés par La Tribune.
Une décision issue du Conseil de politique nucléaire
Alors, pourquoi une telle déclaration ? « C’est une décision du Conseil de politique nucléaire (CPN) de juillet dernier. S’il est exact que certains cadres ont une rémunération variable basée sur des indicateurs sur la production, ce n’est pas une pratique généralisée », explique-t-on au sein du cabinet d’Agnès Pannier-Runacher. Cet été, dans une annonce passée relativement inaperçue, le CPN a en effet demandé qu’EDF intègre des indicateurs de performance industrielle du parc atomique dans la rémunération variable des cadres dirigeants du groupe. Le but : « renforcer les incitations » existantes, précise-t-on dans l’entourage de la ministre.
Reste néanmoins à savoir si la part de la rémunération des dirigeants dépendant de ces résultats opérationnels augmentera, afin de les inciter à atteindre de meilleurs chiffres. Interrogés, les ministères de la Transition énergétique et de l’Economie expliquent « affiner les modalités de cette indexation sur la performance », afin qu’elle puisse être mise en œuvre « à compter de 2024 ».
« Pour des raisons politiques, le gouvernement veut faire croire que la remontée de la production se fera grâce à lui. […] Cela fait trente ans que les politiques agissent contre le nucléaire, et maintenant qu’ils en veulent à nouveau, ils attaquent les agents d’EDF ! », lâche l’ancien cadre dirigeant susnommé.
Un autre ancien haut placé du groupe se montre, quant à lui, plus optimiste. « C’est une bonne chose ! Cela montre qu’il y a une prise de conscience des pouvoirs publics sur l’importance du nucléaire », affirme-t-il à La Tribune. Il n’empêche : les décisions politiques de ces dernières années sont en grande partie « responsables » de la situation actuelle, estime-t-il. En effet, dès 2012, le gouvernement a acté sa volonté de fermer de nombreuses centrales, avec un objectif de 50% de nucléaire dans le mix électrique d’ici à 2025 (puis 2035), contre environ 75% jusqu’alors. Ce n’est qu’en février 2022, après l’arrêt de Fessenheim (Haut-Rhin), qu’Emmanuel Macron a officiellement rompu avec cette stratégie, à l’aube de son second mandat présidentiel.
Couacs en interne
De son côté, la CGT fusille cette décision. « C’est pervers de pointer ainsi du doigt EDF, alors que les baisses de production sont davantage liées à des éléments externes », glisse Virginie Neumayer, responsable CGT chez l’énergéticien. Et de citer l’érosion du tissu industriel français, ou, plus récemment, le phénomène de corrosion sous contrainte. En effet, la crise historique de l’an dernier trouve notamment sa source dans la découverte de microfissures sur des tuyauteries cruciales pour la sûreté des centrales nucléaires, entraînant une vaste campagne de contrôle et de réparation. Or, ces problèmes sont davantage liés à la conception des pièces qu’à leur maintenance, et n’ont pu être identifiés que grâce à de nouvelles méthodes de contrôle.
Par ailleurs, la faible disponibilité s’explique aussi par le Grand Carénage, ce vaste programme pour prolonger la durée de vie des centrales. Et pour cause, celui-ci implique de les mettre à niveau, plutôt que de « simplement » les contrôler, avec un cahier des charges encore plus exigeant depuis l’accident de Fukushima de 2011. « Dans ce contexte, le volume de maintenance s’avère considérable, et les arrêts prennent forcément plus de temps », précise un ingénieur en sûreté nucléaire.
Parmi les ex-cadres interrogés, certains admettent néanmoins des couacs en interne. « Il y a quelques années, on a connu de réels problèmes de gestion des arrêts de tranche, avec des dérapages dans la maîtrise de la durée de ces arrêts », note l’un d’eux.
Au lendemain de la mort de Marcel Boiteux, qui a dirigé l’entreprise de 1967 à 1987 et reste largement reconnu comme l’un des principaux contributeurs à la souveraineté électrique de la France, le message envoyé par le gouvernement au grand public, en tout cas, est clair : l’on défend mieux l’intérêt général quand ce combat s’accompagne d’une carotte…et d’un bâton.
Beaucoup de réponses sont apportées par cet article proposé par remunerations.fr qui traite du sujet « Rémunérations ». Ce post a été généré de la façon la plus complète qui soit. Vous pouvez écrire en utilisant les coordonnées indiquées sur notre site dans le but d’apporter des explications sur ce post qui parle du thème « Rémunérations ». Le site remunerations.fr a pour objectif de publier différentes publications autour du thème Rémunérations diffusées sur la toile. Sous peu, on rendra accessibles à tout le monde d’autres informations pertinentes sur le sujet « Rémunérations ». Par voie de conséquence, visitez de manière régulière notre blog.