franceinfo a pu consulter un document interne du ministère de l’Éducation nationale. Échelon par échelon, voici les augmentations prévues pour les enseignants à la rentrée 2023, via un système de primes.
« L’effort est considérable, on ne l’a pas connu depuis 33 ans. » C’est par ces mots que le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, a souligné sur France Inter l’exceptionnalité, selon lui, des mesures prises pour la rémunération des enseignants pour la rentrée prochaine. Le gouvernement met en avant une hausse, en moyenne, de 10%, depuis 2020, en prenant en compte des mesures plus anciennes, comme la prime d’attractivité et le dégel du point d’indice.
Pour ce qui est des annonces de cette année, les professeurs toucheront en septembre 2023 en moyenne 5,5% de plus qu’en septembre 2022, selon un document interne du ministère de l’Education nationale que franceinfo a pu consulter. Ces augmentations, automatiques, varient suivant le niveau de carrière, elles sont comprises entre à peine 3% et 11,2%. Ce sont les débuts de carrière qui voient la plus grosse hausse.
Mais le ministère propose par ailleurs un « Pacte » aux enseignants : une prime en plus, en échange de travail en plus. En clair, si les professeurs veulent être mieux payés, il faudra qu’ils remplissent plus de tâches. Trois catégories de missions leur seront proposées, et pour chacune d’entre elles, les enseignants pourront toucher jusqu’à 1 250 euros bruts annuels. Au total, si un enseignant décide de s’engager dans les trois « briques » de ce « pacte enseignant », ce seront donc 282,75 euros nets en plus chaque mois.
Le mécanisme de ces augmentations a été dénoncé par le député de La France insoumise Éric Coquerel, jeudi 27 avril sur franceinfo. « Les enseignants, il faut plus les payer. Et il faut mieux les payer en salaire », a insisté le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, qui critique fortement le recours aux primes.
Du côté des syndicats, l’accueil de ces mesures est plus que tiède. La secrétaire générale du SNES-FSU, Sophie Vénétitay, regrette que ces annonces soient « très loin des promesses » et ne rattrapent pas « le décrochage salarial ».
Selon elle, ce « pacte » proposé aux enseignants est « un retour du travailler plus pour peut-être gagner plus ». Sophie Vénétitay affirme que cette annonce n’est « pas bien acceptée du tout au regard de ce que ça signifie ».
« Ce n’est pas de la revalorisation. Quand vous payez quelqu’un pour des tâches qu’il effectue en plus, ça s’appelle tout simplement le payer pour ce qu’il fait, c’est le principe de travail salarié ».
Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat SNES-FSUà franceinfo
« Ça ne prend pas la mesure de la grave crise de recrutement que nous connaissons », fustige la syndicaliste. Un point sur lequel semble lui donner raison le ministre de l’Éducation qui reconnaît « que cet effort, à lui seul, [ne pourra pas] compenser des décennies de glissement relatif des rémunérations des enseignants ».
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