Avec 17.350 recrutements en 2022, l’emploi cadre en Occitanie a retrouvé des couleurs. Il a même dépassé son précédent record de 15.890 recrutements en 2019, année de référence avant la pandémie. La région pèse pour 7% du total national. Pourtant, d’après Cyrille Longuépée, déléguée régionale de l’Apec Occitanie, elle est « l’une des plus tendues » en termes de recrutement. Fraîchement arrivée de la région Centre-Val de Loire, elle a pu y constater le pouvoir d’attractivité de l’Occitanie : « Nos événements dédiés faisaient carton plein », se souvient-elle.
Alors, pourquoi les cadres sont-ils si nombreux à briguer l’Occitanie et si peu à franchir le pas ? En cause, peut-être, la rémunération. Bonne dernière du classement des régions, l’Occitanie propose à ses cadres un salaire annuel médian de 47.000 euros contre 52.000 en moyenne sur le territoire national. Plusieurs facteurs peuvent expliquer en partie ce mauvais positionnement, tels que l’âge des cadres ou encore la typologie des entreprises : la région rassemble de nombreux jeunes diplômés, moins chers que leurs aînés, et se trouve bien pourvue en petites et moyennes entreprises. « Rien ne prouve que les salaires soient systématiquement moins élevés en PME/TPE », nuance Cyrille Longuépée, qui admet toutefois que la corrélation pose question.
Changer de regard, un enjeu majeur pour les recruteurs
Avec l’essor du télétravail est née une autre interrogation : combien de cadres vivant en Occitanie travaillent pour une entreprise située dans une autre région ? L’Apec envisage de réaliser une nouvelle étude à ce sujet. Une chose est certaine : le meilleur moyen d’augmenter sa rémunération reste souvent de changer d’entreprise. Selon la déléguée régionale, il reste un gros travail à faire du côté des employeurs : « Un salarié qui veut partir va partir, rien ne sert de lui mettre des barrières. Pour lui donner envie de rester, encore faut-il prendre la peine d’échanger régulièrement pour comprendre ses attentes et ses éventuelles zones de frustration », complète-t-elle.
D’autres éléments doivent être pris en compte. « Aujourd’hui les cadres font leur cahier des charges », souligne Cyrille Longuépée. « Si le salaire est au premier plan, la RSE, l’impact écologique de l’entreprise et son climat social sont aussi des points extrêmement importants ». L’experte constate également qu’en Occitanie comme ailleurs, les process de recrutement méritent encore d’être optimisés. L’Agence pour l’emploi des cadres se penche en particulier sur celui des seniors et tente de faire changer le regard des recruteurs avec de récentes campagnes de communication : « Périmé, vraiment ? », ou encore « Le mouton à cinq pattes n’existe pas ».
Le profil des cadres en Occitanie
Selon les chiffres de l’Insee (2020), les secteurs d’emploi des cadres en Occitanie rejoignent globalement les données nationales avec quelques spécificités régionales. Un cadre occitan sur dix travaille dans le secteur aéronautique et ils sont 21% au total dans l’industrie, 4 points de plus que la moyenne nationale. Le gros des troupes (43%) exercent des activités de services à forte valeur ajoutée : informatique, ingénierie, expertise-comptable, banque… Les autres évoluent dans le commerce (12%), la construction (6%) et divers services (18%).
Concernant les métiers, la répartition est presque calquée sur la moyenne nationale, avec en tête les études-recherche et développement (18%) et l’informatique (18%), suivies par les fonctions commerciales (16%), l’administration et les ressources humaines (15%). Ensuite viennent les postes en achats et la logistique, l’exploitation tertiaire, la production, la comptabilité-finance et les dirigeants d’entreprise.
Enfin, 57% des cadres occitans n’ont pas de responsabilité hiérarchique. Le chiffre s’inscrit dans la moyenne hexagonale, très disparate, qui va de 65% en Ile-de-France à 47% en Centre-Val de Loire. Cette tendance au cadre « autonome », sans management d’équipes, pourrait s’accentuer. « C’est un levier de recrutement », constate Cyrille Longuépée. « Aujourd’hui si vous ne proposez pas à un développeur informatique d’être cadre, il ne viendra pas », conclut-elle.
Marie-Dominique Lacour
Sur la photo : Cyrille Longuépée, déléguée régionale de l’Apec Occitanie. Crédit Marie-Dominique Lacour.
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