Effet de dynamique ou de rattrapage ? Sous le prisme du 5^e Baromètre annuel de la rémunération des DAF publié début juin par Spendesk (plateforme de gestion des dépenses en entreprise), la fonction DAF en France montre quelques signes particuliers encourageants. Pourtant l’environnement global n’est guère stimulant.

Salaire moyen : une certaine dynamique

Le salaire moyen dans le secteur financier en France a progressé de 9 % pour atteindre 102 500 euros en 2025 (vs 94 000 € en 2024). C’est remarquable, comparé à d’autres principaux marchés étudiés : une croissance demeure aux États-Unis (+ 8 %), dans UE et en Suisse (+ 5 %) mais on observe un repli en Allemagne (-6 %) et au Royaume-Uni (-3 %).

En moyenne, les salaires des DAF ont baissé de 6 % entre 2024 et 2025. Traditionnellement, on perçoit plutôt une augmentation chaque année du salaire moyen. Mais ce n’est pas une règle figée. Entre 2022 et 2023, une baisse du salaire moyen avait été observée.

« Cette tendance pourrait s’expliquer par un climat économique morose en Europe. Auparavant, nous parlions plutôt une guerre des talents. Dans le secteur tech, la fonction finance était très recherchée. Mais avec la dégradation de l’environnement macroéconomique en Europe sur les 12-18 derniers mois et les incertitudes géopolitiques majeures, je pense que le marché de l’emploi est un peu plus dynamique avec plus de DAF en recherche d’emploi. Ce qui pourrait réduire les tensions sur les niveaux de rémunération », déclare Rodolphe Ardant, fondateur de Spendesk.

Écart de salaire : la tendance à l’élasticité

« La France est l’un des rares pays où l’on observe une augmentation du salaire moyen (+ 9 %) par rapport à l’Allemagne ou au Royaume-Uni. Ce décalage pourrait s’expliquer par un effet de rattrapage à mon avis. Traditionnellement, les DAF français sont moins payés que leurs homologues anglais ou allemands », Rodolphe Ardant.

Certes, les écarts de salaires se révèlent importants en fonction des pays. Ainsi, les professionnels de la finance en France demeurent moins rémunérés (102 500 euros) que leurs homologues allemands (116 000 euros), britanniques (121 500 euros) et américains (189 500 euros).

Les éléments transmis par Spendesk ne prennent pas en compte les avantages financiers complémentaires qu’une entreprise est susceptible d’accorder aux DAF en matière de Compensation & Benefits (Comp & Ben) qui regroupe toutes les formes de rémunérations et d’avantages fournis aux employés.

« Évidemment, dans chaque pays, il faut aussi prendre en compte les différences de structures salariales : taux d’imposition, niveaux de charges sur les salaires… Par exemple, les cotisations salariales ou patronales en France sont plus importantes qu’au Royaume-Uni. Secundo, les niveaux de vie sont potentiellement aussi différents. Le coût de la vie est plus important aux États-Unis par rapport à la France », indique Rodolphe Ardant.

La rémunération reste le premier critère regardé par les DAF s’ils envisagent un changement de poste. 52 % des professionnels de la finance en France envisagent de changer de poste courant, contre une moyenne de 49.5 % dans l’ensemble des pays étudiés.

La principale motivation reste la recherche d’une meilleure rémunération (30 %), devant « le besoin de nouveaux défis professionnels » (22 %).

Salaire des DAF : une égalité femmes – hommes plus marquée en France

Dans la fonction DAF, l’égalité dans le traitement des salaires que l’on soit un homme ou une femme reste une quête, même si la France se montre plus résolue.

« Malheureusement, il existe encore un écart entre le salaire pour les hommes et les femmes. En moyenne, les hommes gagnent 25 % de plus que les femmes. Néanmoins, il y a un indicateur encourageant en France avec l’écart qui se réduit plus vite : 12 % en France vs jusqu’à 40 % dans d’autres pays européens. Cela s’explique notamment par un effort réglementaire plus poussé qui a été réalisé en France, avec notamment la mise en place de l’index de l’égalité professionnelle », déclare Rodolphe Ardant.

Un sujet de parité qui devrait évoluer avec la transposition en France d’ici juin 2026 de la directive européenne visant à renforcer l’application du principe de l’égalité des rémunérations entre les femmes et les hommes pour un même travail ou un travail de même valeur par la transparence des rémunérations et les mécanismes d’application du droit (publiée au JO de l’UE le 17 mai 2023).

DAF : le regard sur l’IA

Selon le Baromètre Spendesk, environ 40 % des répondants restent partagés sur la question de l’influence positive et négative de l’IA sur le travail des équipes financières. « Il y a un mélange d’excitation, d’optimisme, en tout cas une clairvoyance sur la nécessité de se former sur ces nouvelles technologies », déclare Rodolphe Ardant.

Au-delà de la question de l’intérêt pour l’IA et de l’âge des responsables financiers, la fonction DAF s’intéresse d’abord à l’automatisation des process. Depuis sa création en 2016, Spendesk explore l’IA sous l’angle du machine learning (paramétrage de modèles pour les reconnaissances de caractères sur les pièces comptables, extraction de la TVA…) puis a pris la vague de l’IA générative à partir de fin 2022 (correspondant à l’émergence de l’engouement de ChatGPT d’OpenAI dans le grand public et les entreprises).

Rodolphe Ardant évoque un exemple de logique d’optimisation de reconnaissance optique de caractère (OCR) dans les documents financiers ou administratifs par le biais de l’exploitation de LLM. Parallèlement, Spendesk travaille aussi sur des nouveaux usages comme un assistant IA conversationnel pour les DAF utilisateurs de ses solutions mais aussi pour l’ensemble des collaborateurs en entreprise pour mieux gérer les dépenses globales professionnelles.

En matière d’IA, Spendesk dispose d’une équipe de data scientists en interne, travaille à l’extérieur avec Dust pour le développement d’applications, compare différents LLM (GPT d’OpenAI, Claude d’Anthropic…) en fonction de la pertinence des usages et approfondit sa collaboration avec AWS sur l’IA générative (Amazon Bedrock).

Présent en France, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne, Spendesk dispose de 5000 entreprises clients dont Soundcloud, Doctolib, Printemps, SeLoger, et Deezer.

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