Confronté à une baisse de fréquentation, le groupe américain change de patron. Pour séduire le nouvel arrivant, le géant du café a sorti le grand jeu.
Aux grands maux, les grands remèdes. Starbucks a récemment dévoilé des résultats en baisse : le chiffre d’affaires a dégringolé de 3 % entre avril et juin à périmètre comparable, à cause d’une baisse de transaction. Certains actionnaires, récemment arrivés au capital, ont depuis exercé une forte pression. Ils ont obtenu gain de cause : le directeur général Laxman Narasimhan, en poste depuis seulement seize mois, a été débarqué et la société a choisi un «poids lourd» pour le remplacer.
L’un des dirigeants les mieux payés des États-Unis
Brian Niccol, aux commandes de Chipotle depuis 2018, peut se targuer d’avoir réussi à doubler les ventes et multiplier par sept le bénéfice de l’entreprise, permettant au cours de l’action de croître de près de 800%. Ce diplômé de la Booth School of Business de l’université de Chicago, passé par Procter & Gamble, Pizza Hut et Taco Bell, s’avère donc particulièrement convoité. Afin de convaincre de rejoindre leurs rangs, Starbucks a utilisé l’artillerie lourde.
Déjà, son salaire a de quoi faire des envieux : d’après le document déposé chez le régulateur américain des marchés financiers, Brian Niccol serait en passe de devenir l’un des dirigeants les mieux payés des États-Unis, avec une rémunération globale de 113 millions de dollars, qui comprend notamment une prime de bienvenue de 10 millions, un salaire annuel de 1,6 million, un bonus en espèce d’environ 3,6 millions versé selon les performances, ou encore une prime de 75 millions visant à compenser les avantages perdus en quittant prématurément son ex-employeur. Une enveloppe qui serait 75% supérieure à celle de son prédécesseur.
Télétravail à 2000 kilomètres
Cela ne suffisait pas. Dans les négociations, la firme de Seattle lui a également promis du télétravail à 100%. Ce natif de Californie réside près de Newport Beach, où il avait déménagé le siège social de Chipotle, anciennement situé à Denver. Attaché à sa région d’origine, Brian Niccol tenait à y rester. Il pourra donc jouir d’un petit bureau à proximité de sa maison … à près de 2.000 kilomètres des bureaux. Il bénéficiera évidemment d’un logement et d’un chauffeur lorsqu’il se rendra sur place, et disposera d’un avion de l’entreprise pour effectuer la liaison.
Pour se justifier, un porte-parole de Starbucks a déclaré : «Brian Niccol a prouvé qu’il était l’un des dirigeants les plus efficaces de notre secteur, générant des rendements financiers importants au fil des ans.» Si le nouveau patron n’a pas encore eu le temps de faire ses preuves, l’annonce de son arrivée a déjà provoqué des remous du côté de Wall Street : l’action du géant américain a bondi de 24% en pic de séance le jour de la diffusion du communiqué, inédit dans l’histoire du groupe. L’action Chipotle, elle, a chuté de 7,5%.
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