Si les avantages d’un leadership diversifié dans les entreprises sont de plus en plus reconnus, il est décourageant de constater que les femmes entrepreneures sont toujours confrontées à des obstacles importants pour réaliser leur plein potentiel. Une étude récente d’EY souligne la valeur sociétale inexploitée des entreprises dirigées par des femmes, qui sont essentielles pour susciter un changement sociétal significatif : les entreprises dirigées par des femmes ont tendance à donner la priorité au développement durable, à l’impact communautaire et au bien-être des employés, créant ainsi un effet d’entraînement qui profite à l’ensemble de la société.

L’étude a également mis en évidence les obstacles systémiques qui continuent d’entraver l’entreprenariat féminin, notamment en ce qui concerne l’obtention des financements nécessaires au démarrage et au développement de leur entreprise. Si nous ne nous attaquons pas à ces problèmes, nous risquons de freiner les progrès et de passer à côté des nombreux avantages que le leadership féminin peut apporter.

L’un des obstacles les plus importants auxquels sont confrontées les femmes entrepreneures est l’accès au financement. La disparité est flagrante. Par exemple, même en Suède, qui se classe au premier rang de l’UE selon l’indice d’égalité des sexes, seulement 1 % du capital investi dans les entreprises technologiques est destiné aux femmes. Ce déficit de financement n’est pas seulement un problème financier, mais reflète également des préjugés plus profonds et des défis structurels auxquels les femmes sont confrontées dans l’écosystème entrepreneurial.

Il existe malheureusement un biais généralisé dans la communauté des investisseurs : les femmes fondatrices ont beaucoup moins de chances de recevoir des investissements que leurs homologues masculins, même lorsqu’elles présentent les mêmes idées. Des interventions plus ciblées sont clairement nécessaires pour aider les femmes à accéder au capital dont elles ont besoin, sinon le potentiel des entreprises dirigées par des femmes continuera d’être sous-exploité.

Heureusement, il existe plusieurs initiatives en Europe visant spécifiquement à soutenir les femmes entrepreneures et à surmonter les obstacles auxquels elles sont confrontées. Le programme Smart Lady en est un exemple remarquable. L’initiative Smart Lady a été lancée en 2018 par la banque bulgare First Investment Bank (Fibank), la plus grande banque locale du pays dont les actionnaires majoritaires Tseko Minev et Ivaylo Mutafchiev sont tous deux des banquiers et entrepreneurs chevronnés. Smart Lady propose une gamme complète de services financiers et non financiers adaptés aux besoins des femmes en affaires. Au-delà de la simple offre de conditions de prêt préférentielles, y compris une période de grâce pendant la maternité, et une multitude d’autres avantages financiers, notamment une carte de crédit First Lady (un avantage offert dès 2006) avec une assurance contre le cancer du sein, l’initiative de Fibank offre également du mentorat, de la formation et une communauté de soutien, des éléments essentiels qui aident les femmes à réussir à long terme en tant qu’entrepreneures.

L’impact de cette initiative est évident. Au cours des six dernières années, Smart Lady a aidé plus de 1 100 femmes à démarrer ou à développer leur entreprise, avec un total de 120 millions de BGN de ​​prêts accordés au début de cette année. Le programme Fibank a notamment étendu son soutien aux femmes réfugiées d’Afghanistan, du Yémen et d’Ukraine, en les aidant à construire une nouvelle vie et une nouvelle entreprise en Bulgarie.

Cherie Blair, une défenseuse renommée des droits des femmes et fondatrice de la Fondation Cherie Blair pour les femmes, a salué Smart Lady comme une initiative innovante qui fait une réelle différence dans la vie des femmes d’affaires. Lady Blair a rencontré plus tôt cette année des représentants de la Fibank ainsi que certaines des femmes entrepreneures dont la carrière a été dynamisée grâce au programme, notamment la réfugiée Sara Faizi, une mère célibataire qui dirige désormais le seul restaurant afghan en Bulgarie grâce aux conseils et au soutien de mentorat qu’elle a reçus de l’initiative Smart Lady.

L’initiative Womenture, financée par l’UE, est un autre projet remarquable qui vise à donner plus de pouvoir aux femmes créatrices d’entreprises en Europe. En proposant des formations aux compétences commerciales essentielles et en créant un réseau de soutien, Womenture s’efforce de briser les barrières qui ont historiquement freiné les femmes dans le domaine entrepreneurial. L’accent mis par le projet sur l’inclusion et le développement communautaire est particulièrement important dans les régions, comme l’Europe de l’Est, où les ressources pour les entrepreneurs sont plus rares.

Le programme de pré-accélération de sept semaines de Womenture est conçu pour doter les futures entrepreneures des compétences nécessaires pour développer des modèles commerciaux durables, améliorer leurs stratégies marketing et obtenir des financements. Le programme favorise également un environnement d’apprentissage collaboratif, où les femmes peuvent réseauter avec leurs pairs et leurs mentors, renforçant ainsi leurs capacités entrepreneuriales.

Il n’est pas surprenant que le mentorat et le soutien communautaire soient au cœur de tant de programmes destinés aux femmes chefs d’entreprise. Le programme She’s Next de Visa est un autre programme qui contribue à créer une communauté solide de femmes entrepreneures autonomes à travers l’Europe.

Cette année est la deuxième année que le programme est actif dans les régions nordiques et baltes, par exemple, et les bénéficiaires de subventions annoncés plus tôt cette année incluent une laiterie d’avoine pionnière et une entreprise fabriquant des montures de lunettes durables faites à la main à partir de matériaux trouvés dans la nature finlandaise.

Le programme She’s Next a joué un rôle déterminant dans la fourniture d’un soutien personnalisé dans les différentes régions où il opère. En Géorgie, par exemple, She’s Next a mené avec succès quatre vagues de l’initiative depuis 2020, en partenariat avec des organisations comme la Bank of Georgia et le programme de sécurité économique de l’USAID pour offrir aux femmes des masterclasses de développement d’entreprise et une formation approfondie au pitch. En Ukraine, She’s Next a adapté son approche en réponse à l’invasion russe, en mettant l’accent sur la résilience et le rétablissement des femmes qui ont perdu leur maison et leur entreprise et en finançant des bourses d’études pour aider ces femmes à se reconvertir en entrepreneurs.

Si ces initiatives ont un impact positif, il reste encore beaucoup à faire pour exploiter pleinement le potentiel des entreprises dirigées par des femmes. Les gouvernements, les institutions financières et le secteur privé doivent travailler ensemble pour combler le déficit de financement et fournir un soutien plus ciblé aux femmes entrepreneures, notamment par le biais de programmes de mentorat et de formation complets.

Les avantages du soutien aux femmes entrepreneures sont évidents. Les entreprises dirigées par des femmes sont non seulement plus susceptibles de privilégier la durabilité et l’impact communautaire, mais elles contribuent également à la croissance économique et à l’innovation. En fait, des recherches suggèrent que si les femmes entrepreneures avaient un accès égal au financement, cela pourrait augmenter le PIB mondial de 6 000 milliards de dollars. Les initiatives existantes pour aider les femmes dans leur parcours entrepreneurial sont des pas importants dans la bonne direction, mais il est temps que l’Europe prenne des mesures encore plus audacieuses pour soutenir les femmes entrepreneures : en investissant dans les femmes entrepreneures, nous investissons dans un avenir meilleur pour tous.