En France, on le sait, les profs sont mal payés. Est-ce parce qu’ils sont payés dix mois lissés sur douze ? Non, rappellent à juste titre les nombreux lecteurs qui ont réagi au courrier de ce lecteur. On vous explique précisément comment sont payés les profs en France.

«  Les enseignants sont payés dix mois de salaire répartis sur douze, voilà pourquoi un enseignant gagne moins que tout autre fonctionnaire de la même catégorie  » affirme un lecteur de La Voix du Nord ce samedi 26 août, alors que les annonces présidentielles sur un éventuel raccourcissement des vacances d’été  remettent la question du salaire des profs au centre des débats.

Sous prétexte que les enseignants ont des vacances plus longues que les autres fonctionnaires, le calcul de leur rémunération annuelle est-elle faite sur une base de 10 mois avec une rémunération mensuelle répartie sur 12 mois ? Non ! Cette affirmation démentie moult fois ressort pourtant régulièrement !

Tout commence le 2 juin 1986, lorsque  le député Robert-André Vivien évoque dans une question au ministre de l’Éducation  affirme, en se basant sur un décret du 10 juillet 1946, que le traitement des enseignants «  a été fixé aux 10/12èmes de celui des fonctionnaires de grade équivalent afin de tenir compte des vacances plus importantes dont ils bénéficient  ».

Comme les autres fonctionnaires

La réponse qui lui est apportée renvoie ce député vers  un décret du 10 juillet 1948  (et non 1946).

Dans ce décret, il n’est à aucun moment question d’un salaire excluant les vacances scolaires ou d’un lissage du traitement des professeurs. Ce décret toujours en vigueur définit le classement hiérarchique des grades et emplois des personnels de l’État et fixe leur rémunération.

Les enseignants sont payés sur la base de 151,67 heures par mois, comme les autres salariés à temps complet. Les professeurs certifiés (ainsi que les professeurs des écoles, professeurs de lycée professionnel…) font partie de la catégorie A de la fonction publique de l’État, tandis que les professeurs agrégés font partie de la catégorie A+.  Ils ont la même grille de rémunération, exprimée en points d’indice, que les autres corps de ces catégories, c’est-à-dire que leur traitement correspond à la multiplication d’un nombre de points d’indice par la valeur de ce point. La rémunération brute annuelle ainsi calculée est ensuite divisée par 12 afin de donner le salaire brut mensuel du fonctionnaire, qu’il soit enseignant ou pas.

Mais alors, pourquoi les profs sont-ils au final plus mal payés que les autres fonctionnaires ? Selon l’INSEE, les enseignants gagnent en moyenne chaque mois 969 euros net de moins que les autres fonctionnaires de catégorie A de la fonction publique d’État, soit 11 628 euros net par an. «  La différence de rémunération par rapport à d’autres catégories d’agents de même grade peut s’expliquer  », résume par exemple la CGT Educ, «  par le fait que les enseignants touchent moins de primes et indemnités que les autres catégories de fonctionnaires  ».

Une légende urbaine qui a la vie dure

Cette légende urbaine qui a donc presque quarante ans ressort régulièrement. À la fin des années 2000, avec la démocratisation d’Internet circulait ainsi un texte reprenant cette affirmation.

On y lit : «  Certains enseignants ne le savent même pas d’ailleurs. Notre grille des salaires a été, elle aussi, fixée en 1950 au même niveau que les autres cadres de la fonction publique recrutés avec un concours au niveau bac + 3. Mais à cette grille, il nous a été retiré deux mois de salaire, puis le résultat a été divisé par 12 (pour recevoir un salaire chaque mois) ». Le texte est très partagé, et même publié  en tribune dans le journal Libération.