Rémunération des enseignants : l’impossible rattrapage

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Après des décennies de décrochage salarial, les enseignants peuvent-ils espérer voir leur pouvoir d’achat augmenter à la rentrée 2023 ? C’était en tout cas une promesse de campagne d’Emmanuel Macron : instaurer une revalorisation historique et inconditionnelle des salaires de 10 % pour tous les enseignants.

« Les salaires ne sont plus à la hauteur des travaux et des efforts demandés », avait ajouté, à la veille de la rentrée 2022, le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye, qui s’était engagé à passer le salaire des enseignants au-dessus de la barre de 2 000 euros net à la fin de la période de stage, et ce pour la rentrée 2023.

Cette générosité tous azimuts doit toutefois composer, depuis quatre ans, avec une petite musique gouvernementale entonnée sur l’air du « travailler plus pour gagner plus ». Il faudrait récompenser les professeurs prêts à en faire encore davantage, notamment en matière de remplacement des enseignants absents, de suivi individualisé des élèves ou encore d’accompagnement périscolaire.

Aujourd’hui, les professeurs des écoles ou les titulaires du Capes, qui représentent les trois quarts de la profession, perçoivent lors de leur titularisation un traitement brut de 2 139 euros, auxquels il faut ajouter des primes s’élevant à 266 euros brut, soit une rémunération de 1 924 euros net. Le salaire moyen des enseignants du public s’élève à 2 710 euros net par mois, primes et indemnités comprises, selon les chiffres de 2021 du ministère de l’Education.

Derrière ce montant se cachent de grands écarts en fonction des catégories d’enseignants (professeur des écoles, certifié ou agrégé), de leur statut (titulaire ou contractuel) et de leur ancienneté.

A la traîne derrière l’inflation

« La structure salariale des enseignants est très particulière, souligne Elise Huillery, professeure d’économie à l’université Paris-Dauphine. Pendant les vingt-cinq premières années de carrière, les salaires n’augmentent presque pas, il faut être très patient et attendre d’avoir environ 50 ans pour que la tendance s’inverse enfin. »

Pour comprendre comment on arrive à une telle situation, il faut remonter le temps. A commencer par 1983 et la fin de l’indexation du point d’indice sur l’inflation qui a grignoté le pouvoir d’achat des fonctionnaires, une tendance renforcée par le gel du point d’indice ces dix dernières années.

« Face à l’inflation oscillant entre 1 et 2 % durant cette période et l’augmentation des cotisations sociales, les rares mesures de revalorisation n’ont pas suffi, analyse Bernard Schwengler, docteur en science politique et auteur de Salaires des enseignants, la chute (L’Harmattan, 2021). C’est finalement une façon de baisser les salaires sans le dire : il suffit qu’ils augmentent moins vite que l’inflation. »

En quarante ans, le point d’indice a malgré tout connu quelques revalorisations, mais jamais suffisamment pour compenser la hausse des prix. En juillet 2022, il a été rehaussé de 3,5 %, puis de 1,5 % au 1er juillet de cette année, en réponse à l’inflation galopante.

Certains cadres de la fonction publique peuvent obtenir des primes jusqu’à 50 % de leur rémunération, les profs au mieux 15 %

Cette perte de valeur du point d’indice, qui a affecté tous les fonctionnaires, n’a pas été compensée de la même façon pour tous. Et, à ce jeu, les enseignants ont été largement perdants. Alors que certains cadres de la fonction publique peuvent obtenir des primes représentant jusqu’à 50 % de leur rémunération globale, les profs s’en tirent avec au mieux 15 %.

« Le salaire net des enseignants se rapproche de celui des brigadiers et gardiens de la paix », pointait d’ailleurs un rapport sénatorial publié en juin 2022, alors que ces professions ont des niveaux de qualification moins élevés que les enseignants qui doivent désormais être titulaires d’un master.

C’est ce qui explique notamment la difficulté à recruter en mathématiques : plus de 20 % des postes n’ont pas été pourvus au cours des dix dernières années dans le second degré. « Les sciences des données, l’informatique, le codage ou la programmation sont des secteurs qui recrutent et offrent de meilleurs salaires. Les candidatures dans les matières scientifiques au sein de l’Education nationale se sont raréfiées au profit de ces emplois », insiste Elise Huillery, qui cite des salaires jusqu’à 20 % plus élevés, à expérience égale.

Parmi les moins bien lotis d’Europe

D’autant que les enseignants français sont bien moins lotis que leurs homologues européens. Selon les données du ministère de l’Education, ils travaillent plus. Etonnamment, alors que le sujet suscite régulièrement la controverse, le temps de travail des enseignants est assez mal connu. Selon une étude de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) parue l’an dernier , hors vacances scolaires, un enseignant du premier degré sur deux travaille plus de 43 heures.

Ce temps de travail médian est de 42 heures dans le second degré. Au collège et au lycée, 40 % de ce temps est consacré aux activités pédagogiques (préparation des cours, corrections, recherches). C’est un peu plus qu’à la maternelle ou au primaire (31 %). « De même, ils consacrent une partie des vacances scolaires à la préparation des cours et de la rentrée », note le service statistique du ministère de l’Education.

Les salaires des enseignants débutants ont, eux, augmenté partout en Europe ces dix dernières années. Mais « la France fait partie de ceux dans lesquels cette augmentation a été la plus faible (entre 1 et 3 %), contrairement à l’Allemagne, l’Autriche ou la Pologne où elle a été comprise entre 15 et 30 % », relevait Philippe Watrelot, ex-enseignant, dans l’une de ses chroniques pour Alternatives Economiques.

Investir davantage dans les professeurs des écoles est déterminant pour augmenter les chances de réussite dès le plus jeune âge

En France, c’est dans les lycées où les agrégés sont plus nombreux que les professeurs sont en moyenne mieux rémunérés. « La France investit beaucoup plus dans les lycées que dans le primaire, contrairement aux autres pays européens, regrette Elise Huillery, qui y perçoit une forme de mépris pour les enseignants du primaire. Investir davantage dans les professeurs des écoles est déterminant si l’on veut augmenter les chances des élèves de réussir dès le plus jeune âge. »

Depuis cinq ans, notamment dans la foulée du mouvement des « stylos rouges », l’insuffisance des rémunérations a toutefois été officiellement reconnue. En 2019, l’ex-ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer avait admis qu’il fallait « améliorer la rémunération des enseignants » pour contrebalancer les effets négatifs sur leurs pensions de la réforme des retraites prévue à l’époque (et finalement abandonnée).

Cela avait débouché sur la création d’une « prime d’attractivité » dégressive, d’un montant d’environ 150 euros par mois lors de la première année d’exercice et d’une vingtaine d’euros pour les enseignants plus expérimentés jusqu’à leurs quinze ans d’ancienneté. Au total, seuls 58 % des enseignants ont touché cette prime en 2022, qui n’entre pas dans le calcul de la retraite.

Tours de passe-passe

Certes, il est difficile d’augmenter l’ensemble des 880 000 enseignants dans un contexte de redressement des comptes publics et de maîtrise de la dépense. Mais le risque, en concentrant les efforts sur les débuts de carrière, est de renforcer l’absence de progression salariale avant un âge avancé, alors même qu’au déclassement salarial historique de la profession est venue s’ajouter une inflation à deux chiffres. Est-ce vraiment ainsi que l’on améliorera l’attractivité du métier ?

Rien n’est moins sûr, car le flou règne. Les 10 % inconditionnels promis par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle se sont ainsi transformés en augmentation de 10 % « en moyenne ». Puis un document révélé par l’AFP montrait que cette augmentation « socle » serait en fait de 5,5 % en moyenne en septembre 2023 par rapport à septembre 2022, les taux étant particulièrement faibles (de 3 % à 4 %) après onze ans de carrière. Seuls 14,5 % des personnels titulaires en début de carrière bénéficieront d’une augmentation comprise entre 200 et 222 euros net par mois.

A ce « socle » viendrait s’ajouter le fameux « pacte enseignant », conditionné à la réalisation de missions supplémentaires, qui pourrait potentiellement porter la hausse du traitement jusqu’à 500 euros net par mois pour ceux qui s’y investiraient totalement.

Problème : ce pacte n’a « rien d’une revalorisation puisque cela revient à nous rémunérer pour des missions supplémentaires », explique Sophie Vénétitay, secrétaire générale du premier syndicat du second degré, le Snes-FSU. Les syndicats le considèrent d’autant plus inutile puisque les enseignants effectuent déjà des heures supplémentaires (dites HSE) qui rémunèrent des activités occasionnelles, sur la base du volontariat, comme du tutorat. Des indemnités pour « missions particulières » existent également, par exemple pour les enseignants assurant les tâches de référent égalité filles-garçons.

Dévoilé au mois de juin, le projet de décret visant à mettre en place ce pacte enseignant prévoit que, dans le second degré, les remplacements de courte durée soient obligatoires pour ceux qui voudraient signer le pacte et effectuer d’autres missions. « Une forme d’astreinte est créée avec ce pacte puisque les professeurs devront indiquer au moins un créneau horaire sur lequel ils seront nécessairement mobilisables », déplore Sophie Vénétitay. Les chefs d’établissement redoutent déjà l’organisation des différents emplois du temps.

Difficile, donc, de voir comment ces différentes mesures vont contribuer à attirer de nouvelles recrues. Et plus encore de savoir combien d’enseignants le ministère de l’Education arrivera à convaincre de signer un pacte aux très faustiens atours.

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