Le 19 mars, le ministère chinois des Ressources humaines et de la Sécurité sociale a lancé une campagne de recrutement visant à aider les jeunes diplômés universitaires à trouver un emploi. Cette campagne, qui va durer plus de deux mois, vise également à aider les diplômés des années précédentes qui n’ont pas encore trouvé d’emploi.

La campagne encourage les employeurs potentiels à interagir directement avec les universités, à la fois en personne et en ligne, pour proposer des services d’orientation professionnelle et de ressources humaines. La première phase, qui s’est déroulée du 19 au 29 mars, a comporté plus de 60 activités, notamment des recrutements sur place et en ligne dans les domaines de la médecine et de la santé, et des diffusions en direct sur l’orientation professionnelle et la politique liée au recrutement.

Selon le ministère de l’Éducation, la Chine devrait compter 11,58 millions de nouveaux diplômés cette année, soit 820 000 de plus par rapport à l’année dernière, battant un nouveau record. En outre, près d’un million de nouveaux diplômés d’établissements étrangers reviendront cette année, rendant la recherche d’emploi encore plus difficile.

Le Rapport d’activité du gouvernement de 2023 a mis en évidence la nécessité d’une promotion plus ciblée des emplois auprès des jeunes, surtout les diplômés de l’enseignement supérieur. Le Premier ministre chinois Li Qiang a déclaré lors d’une conférence de presse le 13 mars que le gouvernement ferait des efforts pour aider les jeunes à se valoriser au travail.

« Ce grand nombre [de diplômés] ajoute certainement une pression sur l’emploi, mais si nous l’envisageons dans une perspective de développement, ces jeunes peuvent insuffler de l’énergie et de la vitalité à notre société », a-t-il déclaré.

Un baromètre

En Chine, le printemps est la saison idéale pour trouver un emploi. Alors que la société revient à la normale après trois ans de mesures contre la pandémie, les salons de l’emploi apportent de l’espoir aux demandeurs d’emploi.

Shen Meng, directeur de la banque d’investissement Chanson & Co. basée à Beijing, a déclaré que cette saison de recrutement révélerait les changements survenus sur le marché du travail après l’assouplissement des mesures contre la pandémie. Le niveau d’emploi des diplômés universitaires est révélateur de l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché du travail au sens large.

« Si ces jeunes sont capables de surmonter les difficultés à trouver des emplois correspondant à leurs compétences, leurs connaissances et capacités serviront la société pendant les décennies à venir », a-t-il déclaré.

« Le faible taux d’emploi des étudiants signifie que le nombre de demandeurs d’emploi a dépassé celui des postes vacants, et que les compétences et les qualifications des diplômés doivent mieux correspondre aux besoins des employeurs », a expliqué M. Shen, suggérant que les universités améliorent leurs programmes pour mieux répondre aux besoins changeants du marché.

Récemment, la question de savoir si les nouveaux diplômés sont trop exigeants a fait l’objet de discussions. Certains experts pensent que les diplômés doivent trouver un emploi avant de continuer à en chercher un meilleur alors qu’ils sont encore au chômage, et qu’ils pourront toujours changer d’emploi après avoir accumulé quelques années d’expérience.

Wang Hong, professeure à l’Université chinoise des Mines et de la Technologie, a déclaré à Beijing Youth Daily que les étudiants ne devraient pas se focaliser sur la recherche d’un emploi dans une grande ville ou d’un emploi bien rémunéré dans un secteur spécifique. « En raison de l’expansion de l’enseignement supérieur en Chine, les diplômés universitaires ne sont plus aussi rares qu’avant », a-t-elle ajouté.

Cependant, M. Shen pense que les diplômés doivent choisir leur premier emploi avec soin. « Une décision fondée sur un compromis n’est pas un bon départ pour l’avenir. L’accès à un développement individuel prometteur est l’une des raisons d’être de l’enseignement supérieur », a-t-il souligné.

Des choix multiples

L’entrée de la génération Z sur le marché du travail s’est accompagnée de l’émergence de nouvelles options de métiers, par exemple, gestionnaire des soins de santé, organisateur de vie et toiletteur pour animaux de compagnie. Selon un rapport sur les choix de carrière des diplômés de l’enseignement supérieur en 2022, les trois professions les plus populaires sont monteur vidéo, scénariste et concepteur de jeux de meurtre et de mystère.

Mme Wang encourage les étudiants à ne pas mettre de limites quant à l’orientation de leur développement, car il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises professions, seulement des professions adaptées ou inadaptées.

Un rapport publié en mai 2022 par 51job.com, l’un des principaux fournisseurs de services de ressources humaines, montre que plus de 23 % des étudiants préfèrent un emploi flexible ou la création d’une entreprise. Zhu Jiandi, associé principal du cabinet comptable BDO China Shu Lun Pan CPAs, a déclaré à Zgswcn.com que les métiers flexibles tels que l’entrepreneuriat et les emplois à temps partiel sont devenus des canaux importants et innovants pour développer l’emploi.

« La société d’aujourd’hui exige un environnement professionnel plus inclusif », a déclaré M. Zhu. Il a suggéré de mettre en œuvre des mesures pour mieux protéger les droits et intérêts des nouveaux entrepreneurs diplômés et des travailleurs indépendants, et les aider à éviter les risques potentiels.

Le rapport de 51job.com révèle que 38,3 % des étudiants souhaitent travailler dans des entreprises d’État, des agences gouvernementales et d’autres établissements offrant des emplois stables, suivis par les entreprises privées, avec près de 2 points de pourcentage de moins. Les entreprises privées sont « l’éponge la plus importante » pour absorber la main-d’œuvre, car elles se développent rapidement et doivent donc embaucher plus d’employés, a déclaré M. Shen.

Les PME sont populaires auprès des diplômés grâce à leur flexibilité accrue et aux possibilités de promotion. Une autre raison est que l’annonce récente de licenciements massifs par les géants de l’Internet a réduit l’enthousiasme de travailler dans les grandes entreprises.

Selon M. Shen, les PME ont besoin, pour se développer, d’employés hautement qualifiés et compétents, tels que ceux qui ont été licenciés par les géants de la technologie. Cependant, elles ne sont pas en mesure d’offrir à ces employés le même environnement de travail et les mêmes avantages offerts par leurs anciens employeurs. Il est de ce fait nécessaire pour ces licenciés d’ajuster leurs attentes pour trouver un emploi.

*LI QING est journaliste à Beijing Information.